Les jeunes pousses de l’Incubateur Belle de Mai veulent améliorer la donne
Par Geneviève VAN LÈDE
Depuis sa création à Marseille en 1999, l’Incubateur Belle de Mai a accompagné pas moins de 390 projets de création d’entreprises innovantes dans les technologies de l’information et de la communication. Il l’a fait grâce à son « programme 1024 », qui dure 18 mois et coûte 40 000 € d’avance remboursables, intégrant 10 nouveaux projets par an. « Depuis 2018, le programme de 3 mois « La Manufacture » pour dérisquer les projets nous a permis de faire un grand bond« , assure Céline Souliers, la directrice de l’Incubateur. Quatre start-up à impact, dont le nombre a bondi de 28%, pour atteindre les 1 074 sur les 20 000 que compte la France, ont présenté l’avancée de leur projet lors de la 23e édition des Avant-premières du numérique. L’occasion de découvrir des idées intéressantes et des profils atypiques.
Un site pour qualifier les flux touristiques et une plateforme pour recruter autrement
Et cela commence par la start-up toulonnaise Citiprofile spécialisée dans l’analyse des flux de visiteurs en extérieur et facilite à ce titre les prises de décision pour le choix d’implantation ou la reprise de commerces, d’aménagement des villes, et de gestion des flux touristiques. À sa tête, Arnaud Trousset, 47 ans qui s’est occupé des études de marché puis marketing pour le développement de toute l’enseigne Auchan en Russie et Asie du Sud-Est, avant de monter sa boîte en 2010 à Moscou. De retour en France, l’an dernier, cet historien et géographe de formation a créée sa start-up pour mettre à profit ses compétences afin « d’exploiter les données de mouvement humain et de pouvoir aider des structures à prendre des décisions plus efficaces dans la gestion des flux touristiques. »
Tourisme, urbanisme, commerce… L’objectif ? Faciliter l’installation de commerces au bon endroit, protéger les territoires, maritimes et terrestres. Cela passe par la question des jauges touristiques pour améliorer le confort des visiteurs et préserver la vie des résidents. La jeune entreprise vient de signer un partenariat avec le parc de Port Cros et un autre avec la République tchèque pour analyser les flux de la métropole de Prague afin de choisir les bons emplacements pour installer des points de vente. Mieux quantifier les flux humains pour mieux les gérer, c’est aussi préserver l’environnement de l’impact de la surfréquentation.
À 48 ans, Fabrice Bouchaud a eu plusieurs vies professionnelles, dans les technologies digitales ou encore dans les services, en France comme à l’étranger, qui l’ont amené à recruter plus de 200 collaborateurs ces dernières années : « J’ai pu assister à plusieurs changements de paradigmes sur les candidats, mais aussi pour les recruteurs. » Des solutions inadéquates (annonces souvent périmées, visibilité nulle sur certains sites pour les PME…) pour les deux populations l’ont poussé à lancer une nouvelle plateforme de recrutement : Butterfly. « Nous partons du candidat pour l’aider à trouver la bonne entreprise, explique l’entrepreneur, en fonction de ces compétences, de son savoir être et des valeurs qu’il recherche. Nous avons des data sur les 13 millions d’entreprises présentes sur les sites. Nous collaborons avec le laboratoire de psychologie sociale d’Aix pour essayer d’avoir une identification de l’affinité et de la compatibilité entre un candidat et une entreprise. » Le but est de faire matcher le bon profil avec la bonne société. La démarche est gratuite pour le candidat et de 150 € pour l’entreprise, afin d’accéder à un CV complet. Mieux cibler les profils c’est aussi limiter la multitude d’annonces, et c’est meilleur pour la planète.
Karma, le moteur de recherche éthique, généraliste, classique et gratuit qui se veut une véritable alternative au géant américain Google. Il est très simple à utiliser, et le chargement se fait en quelques clics. « Sur mobile, il suffit de télécharger notre application et sur ordinateur de changer les paramètres de son moteur de son navigateur internet, soutient Yann Kandelman, le cofondateur de Karma dont la moitié des revenus sera reversée à des associations oeuvrant pour la biodiversitéet la défense du bien-être animal. On peut se demander quel est le lien entre le vivant et un moteur de recherche. En fait c’est le meilleur levier que nous avons trouvé pour pouvoir financer cette protection. »
Et d’ajouter : « Les contenus sponsorisés qui s’affichent dans les moteurs de recherche sont aujourd’hui la première source de revenus sur Internet. Elle est loin devant les autres formats publicitaires. C’est un marché de 200 milliards par an. C’est colossal. Si nous arrivons seulement à convaincre 1 % des utilisateurs de Google de changer pour Karma, nous serons en mesure de financer plus d’un milliard d’euros par an pour nos associations partenaires. » Karma a déjà attiré plus de 200 000 visiteurs uniques et ce sont plus de 4 000 000 de recherches qui ont été effectuées. « C’est un bon début, certifie l’entrepreneur, puisque nous l’avons lancé en juin dernier, lors de la journée de la biodiversité. » Outre son fonctionnement de moteur de recherche, Karma va proposer toute une panoplie d’informations et d’actualités sur la biodiversité et la protection des animaux. Histoire de sensibiliser encore plus les utilisateurs et de faire des internautes de véritables ambassadeurs de la protection du vivant.
Littersnap traque les déchets
Un endroit sale peut faire chuter la fréquentation de 60 % et d’autant le chiffre d’affaires… À 45 ans, Luc Haumonté, ingénieur en électronique, spécialiste du traitement du signal et de l’image, a voulu donner une autre orientation à sa carrière, en se consacrant à la gestion des déchets sauvages. C’est un manque à gagner pour l’économie circulaire et une perte d’attractivité pour le tourisme. LitterSnap est une technologie qui détecte les anomalies (déchets abandonnés, salissures, désordres) pour améliorer la propreté tout en réduisant les dépenses. C’est la possibilité d’envoyer une photo avec son portable, par drone ou en utilisant le réseau des caméras publiques ou privées pour traquer via un logiciel les déchets abandonnés et d’envoyer les équipes nécessaires pour les traiter. Une innovation qui peut intéresser les organisateurs d’événements, les professionnels du tourisme ou encore les acteurs de la propreté.