Surtourisme : Quels sont les outils d’analyse des flux de CitiProfile pour des solutions durables ?
Cet article résulte de la conférence intitulée « Cycle de conférences | Tourismes en transition : vers un changement de paradigme ? Mesurer pour réguler ? La quantification face à la question du surtourisme », qui s’est déroulée à l’UNIL | Université de Lausanne, Institut de géographie et durabilité, Site de Sion. Lors de cet événement, Valérian Geffroy, Chercheur FNS Senior, et Mathieu Battais, responsable du Pilotage des stratégies territoriales, ont animé la session.
Une notion de « surtourisme » qui se développe dans le débat public
La notion émergente de « surtourisme » décrit une réalité touristique complexe attirant une attention croissante. Bien que la définition précise puisse sembler évasive, elle implique souvent des situations où les destinations touristiques sont submergées par un nombre massif de visiteurs, dépassant souvent leurs capacités locales.
Bien que les médias aient commencé à en parler en 2017, l’utilisation du terme a explosé après la pandémie de Covid-19, en 2022. Cette évolution a stimulé des réflexions approfondies et conduit à divers projets de recherche. Des destinations emblématiques comme Venise, Porquerolles, le Mont Blanc ou l’île de Pâques connaissent une résistance croissante des populations locales face au tourisme de masse, incitant à chercher des réponses auprès des autorités. Ainsi, le surtourisme peut sembler relatif et anecdotique pour les visiteurs, mais il est omniprésent pour les citoyens locaux, qui voient leur cadre de vie se détériorer. Il ne faut donc pas confondre intensité de flux et surtourisme.
Ce phénomène en développement entraîne fréquemment des conséquences négatives telles que la congestion, la dégradation environnementale et la perte d’authenticité pour les résidents et les visiteurs. Alors que le surtourisme émerge comme un enjeu majeur dans le secteur du tourisme, la compréhension et la quantification des flux de mobilité deviennent cruciales pour trouver des solutions durables.
Il reste important de préciser que cette notion qui fait débat. Le surtourisme est un phénomène extrêmement localisé dans l’espace et le temps, donc à travers des sites limités : des centre villes, îles, lac, plages ou montagnes, pendant une durée de temps généralement limité, comme l’été, par exemple.
Des phénomènes locaux qui interrogent la quantification
La nécessité de mesurer le surtourisme implique des tentatives de quantification pour la régulation. Le terrain de mesure du surtourisme est relativement peu balisé, comprenant des éléments tels que la fréquentation hôtelière et para-hôtelière, les enquêtes de voyage auprès de la population résidente (conformément au Règlement européen de 2011), les enquêtes sur la demande internationale (tourisme récepteur), et les enquêtes locales de satisfaction et de conjoncture adressées aux acteurs et touristes. Cependant, il existe peu de méthodologie harmonisée. La question de quoi mesurer et comment le mesurer se heurte à la notion de capacité de charge, largement remise en question.
Le surtourisme est plus complexe qu’un simple chiffre, avec des caractéristiques sociales et économiques, une cohabitation entre le tourisme et d’autres pratiques résidentes locales, et des rapports complexes qui rendent l’approche simpliste difficile. Des villes telles que Barcelone, Amsterdam, Venise, Paris et Lucerne ne se limitent pas à une mono-activité, avec une cohabitation et une concurrence forte, des problèmes de congestion, des tensions sur le marché du logement, des impacts environnementaux, une marchandisation de la vie locale, et des manifestations de résidents.
Il est donc essentiel de revenir aux grands principes de la sociologie historique de la quantification, selon Alain Desrosières : « quantifier c’est convenir, puis mesurer », « faire des choses qui tiennent », « quantifier c’est se mettre d’accord sur la mesure des phénomènes ».
Des rapports peu convaincants aux indicateurs discutables
Malgré de nombreuses tentatives de quantification et de qualification du surtourisme à travers des rapports et des études, l’analyse de la production des chiffres et des discours révèle des divergences considérables entre les acteurs, les territoires, les pays et les villes. Les instances nationales adoptent souvent une position neutre, considérant le surtourisme comme un non-sujet relevant de la compétence locale. Les gouvernements, bien que politiquement engagés à résoudre le problème, cherchent à créer une définition partagée, comme illustré par le ministère de l’Économie en France le 19 juin 2023.
Les rapports construits à l’échelle européenne au niveau des régions (NUTS-2) sont peu convaincants, car le surtourisme est souvent appréhendé localement, au sein de destinations spécifiques. En France, le sentiment général envers le tourisme est positif, avec un indice de « tourismophobie » de seulement 4 % à l’échelle nationale et atteignant 7 ou 8 % dans certains territoires. En Suisse, la création d’un centre de compétence sur la « durabilité » est envisagée pour labelliser les destinations, mais la quantification reste embryonnaire, comme le montrent les rares chiffres locaux provenant des statistiques publiques de l’hôtellerie.
Parallèlement, les rapports du cabinet McKinsey sur le surtourisme présentent des indicateurs discutables, tels que les statistiques de la plateforme TripAdvisor. Certaines villes, comme Venise, ont mis en place une « smart control room » mesurant les flux pour éviter la congestion, tout en développant une taxe à la journée pour les touristes en l’absence d’inscription au patrimoine de l’Unesco. Ces villes cherchent constamment des solutions pour éviter d’imposer des « quotas », redoutant les répercussions sur leur image.
Surveillance et régulation des flux par des outils numérique
Dans un contexte d’indicateurs discutables, les outils d’analyse de CitiProfile se révèlent cruciaux, offrant une perspective unique pour déchiffrer les dynamiques de mobilité et contribuer à l’élaboration de stratégies innovantes face au surtourisme. Alors que les acteurs politiques sont réticents à réduire les flux, ils favorisent davantage les solutions technologiques : la surveillance et la régulation des flux par les technologies numériques.
Les traces GPS CitiProfile présentent de nombreux avantages par rapport aux autres méthodes, offrant une précision similaire aux capteurs humains (enquêteurs de terrain) sans nécessité de déploiement de matériel supplémentaire. Grâce à ces traces, il est possible de localiser la présence humaine avec une grande précision, jusqu’à la rue et même au niveau du bâtiment. Ainsi, les données obtenues permettent de quantifier précisément le nombre de personnes passant devant ou entrant dans un lieu d’intérêt, la durée de leur présence, ainsi que leurs origines et destinations ultérieures.
Face aux stratégies territoriales élaborées par certains grands sites touristiques en France, en Europe et ailleurs, CitiProfile peut contribuer à quantifier et qualifier les flux, mesurer les parts de visite dans le temps et l’espace avec une grande précision, ainsi que calculer l’origine précise des visiteurs.